Beaucoup de clients me demandent comment je fais pour euthanasier des chats et des chiens, parce qu’ils voient tout l’aspect tragique et difficile de cet acte. Je comprends leur question, parce que je suis moi-même passée par le chemin difficile des adieux avec quelques-uns de mes compagnons, et je sais que s’ils la posent, c’est qu’ils aiment les animaux au moins autant que moi.

Dans mes premières années de pratique, je me faisais une barrière mentale : je ne réfléchissais pas, je ne me permettais pas d’imaginer ce que les gens ressentaient pendant que leur animal rendait son dernier souffle. Cependant, cette barrière n’était pas infaillible : les enfants qui pleuraient leur animal la brisaient toujours, et je recevais alors une onde d’émotions difficile à gérer. Mais avec le temps et l’expérience, sans vraiment m’en rendre compte, j’ai lentement changé ma vision des choses. Et c’est en faisant des euthanasies à domicile que je l’ai réalisé.

J’ai modifié l’endroit où mon attention se pose :

• Au lieu de voir les larmes des enfants, j’ai choisi de voir leurs mains qui caressent le dos de leurs parents pour les consoler, et les câlins qu’ils se font pour se réconforter.
• Au lieu d’entendre les sanglots de ces gens qui perdent un membre de leur famille, j’ai choisi d’entendre les douces paroles d’amour qu’ils chuchotent dans l’oreille de leur animal.
• Au lieu de ressentir toute la tristesse et parfois la détresse de mes clients, je choisis de ressentir tout l’amour qu’ils portent à leur compagnon.
• Au lieu de percevoir la vie quitter les yeux de mon patient, je choisis de percevoir la douleur quitter son corps.
• Au lieu de considérer la fin de la vie d’un être vivant, je choisis d’imaginer la vie heureuse qu’il a eu, tout l’amour qu’il a reçu.

Parce que s’il y a autant de tristesse lors de ces adieux, c’est qu’il y a un amour infini qui se cache juste en dessous, et c’est sur lui que mon regard se porte maintenant. Cette vision fait que je sors grandie après chaque euthanasie, au lieu d’en sortir blessée, parce que les gens m’ont laissé accès sans le savoir à beaucoup d’énergie positive.

Et je crois que c’est cette énergie positive – l’amour de leurs proches, les souvenirs de leur animal, le réconfort de savoir que maintenant il ne souffre plus – qui soutiendra mes clients durant leur processus de deuil. Et c’est aussi cette énergie positive qui me permettra, je l’espère, de continuer d’offrir ce service très longtemps encore.

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